Ski hors piste : techniques à adopter et risques

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Le ski hors-piste, comme vous le savez, demande un certain niveau, et surtout une bonne expérience. Mais même si vous êtes un professionnel du domaine, il est important de garder dans un petit coin de vos méninges qu’il ne s’agit pas d’une pratique sans risque et qu’il est nécessaire de ce fait de rester vigilant lors d’une descente. Aussi, plusieurs autres facteurs conditionneront la réussite ou non de votre sortie ; on pense ici essentiellement à votre préparation, à l’équipement dont vous disposez, et surtout à votre force de caractère. Bref, que vous soyez débutant ou expert dans la pratique du ski hors-piste, voici quelques règles de sécurité à toujours respecter pour une session de freeride en toute sécurité.

Sommaire

Piste et hors-piste

Définir le hors-piste revient à d’abord chercher à savoir ce qu’est une piste de ski. Pour faire simple, c’est une zone balisée et sécurisée réservée à la pratique du ski.

Le nouvel article R 122-8 du code de l’urbanisme (créé par décret n°2015-1783 du 28 décembre 2015 – art) définit la piste de ski alpin comme « un parcours sur neige réglementé, délimité, balisé contrôlé et protégé des dangers présentant un caractère anormal, excessif, éventuellement aménagé et préparé, réservé à la pratique du ski alpin et des activités de glisse autorisées ».

À partir de là, on peut définir le hors-piste comme tout ce qui se situe en dehors des pistes. Il s’agit donc visiblement d’une aventure risquée. Raison pour laquelle il importe avant d’y aller de prendre toutes les précautions possibles pour s’assurer un maximum de sécurité lors des sessions.

Qui peut évoluer en hors-piste ?

Personne n’est exclu. Le hors-piste est ouvert à tout le monde : débutants ou professionnels. En effet, s’il n’y a aucun doute à propos de votre technique et de votre ski, vous pourrez facilement vous adapter au matériel, aux neiges rencontrées, au terrain et aux conditions du jour et réagir convenablement en cas de problèmes. Par contre, si vous n’êtes pas certain de votre niveau, faites-vous accompagner par un guide ou un moniteur qui vous emmènera sur un parcours moins difficile comme les bords de pistes ; l’endroit idéal pour se tester et apprendre à maîtriser une neige différente.

Quelles sont les différentes techniques de ski à maîtriser une fois lancé en hors-piste ?

Un bon skieur hors-piste à l’obligation de s’adapter aux conditions changeantes (terrain, qualité de la neige, etc.). De ce fait, il existe plusieurs positions ou attitudes qu’il doit adopter. Nous vous parlons des trois principales :

En cas de poudreuse légère ou de neige de printemps : skier comme sur une piste

Dans ce type de condition de neige, on peut skier comme sur une piste (ou presque). Car la technique n’est pas nécessairement très éloignée de celle du ski de piste. Il vous faut juste un peu d’attention et de précision dans vos appuis. Surtout, regardez loin devant pour pouvoir anticiper et demeurez maître de la vitesse.

En cas de poudreuse : s’adapter à la qualité et à la profondeur de la neige

En poudreuse, il coexiste plusieurs techniques de ski : on peut évoluer en grandes courbes comme en petits virages. Le tout dépend de vos envies, de votre niveau, du degré de pente, de la largeur du terrain, de la qualité et de l’épaisseur de la neige fraîche. On comprend donc aisément qu’avoir un niveau suffisant est important pour couvrir cette palette. À défaut de tout décrire et lister sur un papier, prenez note de ces conseils :

  • Faites pivoter vos skis à plat plutôt que sur les carres ;
  • Aidez-vous de la sensation de rebond, d’appui sur la neige pour tourner ;
  • Gardez toujours le contact languette-tibia : vous risquez de perdre le contrôle des skis et de vous épuiser si vous vous mettez en arrière ;
  • Gardez le poids reparti sur les deux pieds au cas où il y aurait beaucoup de neiges fraîches ;
  • En poudreuse, le mouvement vertical est très important ;
  • Ne négligez pas l’appui bâton, car il donne le rythme ;
  • Ne coupez pas votre respiration lorsque vous skiez, car vous allez vite vous essouffler.

 

En pente raide : adopter le virage « sauté »

Quand vous avez affaire à un degré de pente important et une neige dure, pratiquez des virages sautés pour rechercher l’allègement. Ainsi, vous faciliteriez le changement de carres.

Quels sont les risques du hors-piste ?

La majorité de ceux qui se lancent dans une aventure en hors-piste a conscience des risques auxquels ils s’exposent. Mais c’est toujours mieux de les rappeler, car les connaître avant de s’y lancer permet de mieux les parer.
En premier, comme sur piste, vous pouvez bien sûr tomber et vous blesser. Vous pouvez aussi vous retrouver confronté à tous les obstacles qu’on trouve en terrain montagnard naturel hivernal : arbres, rochers, barres rocheuses, falaises, lacs gelés, etc. Aussi, vous pouvez vous perdre très facilement. Soit dans la pente où vous vous trouvez, soit plus généralement dans l’itinéraire que vous avez emprunté. En outre, il y a également les risques d’avalanche. En France, celui-ci est à l’origine de plusieurs dizaines de victimes chaque hiver. 70 % meurent par asphyxie, 10 % d’hypothermie, alors que les causes des décès des 20 % restants sont d’origine traumatique.

Les règles de sécurité à adopter

Il est vrai que le risque zéro en hors-piste est hors de question. Toutefois, il existe certaines règles de sécurité à adopter pour limiter au maximum ces nombreux risques.

Définir son itinéraire

Définir son itinéraire, c’est adapter la difficulté du terrain et les risques éventuels à vos capacités physiques, techniques et à vos connaissances de la montagne. N’oubliez pas non plus de vérifier qu’aucune interdiction ne concerne le lieu choisi.

S’informer sur les conditions climatiques

Il est indispensable de s’informer sur le risque d’avalanche avant toute aventure en hors-piste. Vous pouvez à cet effet consulter le bulletin d’estimation du risque d’avalanche (BRA) émis par Météo France. Il est disponible en temps réel sur internet, auprès des professionnels en station ou encore aux postes de secours. Le BVR indique le risque d’avalanche (échelonné de 1 à 5), et permet de s’informer sur les conditions d’enneigement (neige dure, poudreuse, croûtée) et sur la stabilité du manteau neigeux.

  • Risque 1 (faible) : le manteau neigeux est parfaitement stabilisé. Généralement, les déclenchements d’avalanches ne sont pas possibles, sauf en cas de forte surcharge dans de très rares pentes raides.
  • Risque 2 (modéré) : le manteau neigeux est bien stabilisé (sauf dans quelques pentes raides). Des déclenchements d’avalanches peuvent survenir par surcharge dans quelques pentes bien décrites dans le bulletin d’estimation du risque d’avalanche.
  • Risque 3 (marqué) : dans de nombreuses pentes, le manteau neigeux n’est que modérément ou faiblement stabilisé. Par conséquent, on peut assister à des départs d’avalanche même avec de faibles surcharges.
  • Risque 4 (fort) : dans la majorité des pentes, le manteau neigeux n’est pas stabilisé. Il faut donc s’attendre à des départs d’avalanches (taille moyenne, voire grosse).
  • Risque 5 (très fort) : il faut s’attendre ici à de grosses avalanches, même sur un terrain plus ou moins plat.

Bien s’équiper

Avant de partir vous éclater dans la poudreuse, assurez-vous de disposer de l’équipement nécessaire. En effet, afin d’avoir une bonne partance et d’éviter de s’enfoncer dans la poudreuse, optez pour des skis bien larges. Pour protéger votre tête en cas de chute, n’oubliez pas de porter un casque. En outre, il faut aussi s’équiper d’un sac de ski airbag pour vos sorties à la montagne. Celui-ci est censé vous protéger en cas d’avalanche. Pour finir, équipez-vous de :

  • Un DVA : il permet de localiser une victime ensevelie grâce à l’émission-réception d’un signal. Il est conseillé de porter son DVA au plus près de son corps ;
  • Une sonde : elle permet d’évaluer la profondeur à laquelle se trouve une victime ensevelie ;
  • Une pelle : elle permet de dégager une victime ensevelie sous la neige.

L’utilité de ce trio (DVA, sonde et pelle) fait surface lorsqu’il s’agit de rechercher une ou des personnes ensevelies en cas d’avalanche. L’important, vous pouvez le constater, n’est donc pas de juste s’en équiper. Vous devez savoir vous en servir et vous entraîner régulièrement à détecter quelqu’un sous la neige. Si l’un de vos compagnons est victime d’avalanche, vous n’aurez que quelques secondes. Tâchez de ne pas faire erreur.

Vérifier ses fixations

Vous vous apprêtez à skier en hors-piste. Il est donc important de bien vérifier vos fixations avant d’y aller. Ceci est d’autant plus crucial que les réglages ne sont pas les mêmes que pour le ski sur piste. Avoir des fixations desserrées augmente les risques de vous voir déchausser dans la poudreuse. Ce qui, naturellement, peut provoquer des chutes et des risques considérables dans certains passages. Pour ne pas vous retrouver victime d’un accident, on ne le répétera jamais assez, n’oubliez pas de régler vos fixations avant de prendre départ. Mais comment y arriver ?

Ajuster sa fixation à sa chaussure de ski

La première chose à faire est de rechercher la longueur de votre chaussure. Généralement, elle est mentionnée sur le talon et exprimée en millimètres. Cette taille vous permettra de régler l’avant de votre fixation. Pour ce faire :

  • Tirez sur la languette pour débloquer le système de réglage ;
  • Faites glisser l’avant de votre fixation jusqu’à atteindre l’intervalle de chiffres dans lequel se trouve votre pointure, tout cela en gardant la languette levée ;

Exemple : si la taille de ma chaussure est de 296 mm, je n’aurai donc qu’à déplacer ma fixation jusqu’à atteindre l’intervalle 292 mm/300 mm.

  • Pour finir, il faut verrouiller la fixation en clipsant à nouveau sur la languette. Effectuez les mêmes réglages sur l’arrière de la fixation. La procédure demeure la même.

Régler la valeur de déclenchement

Ce réglage est très important d’autant plus que c’est lui qui déterminera le seuil de déclenchement de la fixation en cas de chute. Il ne doit, à cet effet, être ni élevé (votre ski peut se déchausser en cas de chute) ni trop bas. Il ressemble à une graduation et se trouve à l’avant et à l’arrière de chacune des fixations. Les valeurs que vous voyez correspondent à celles de déclenchement de la fixation : plus le chiffre est élevé, moins la fixation libérera facilement le pied en cas de chute. Veillez donc à bien choisir une valeur, et n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel.
Pour faire bouger les valeurs, vous aurez besoin d’un tournevis cruciforme. Avec l’aide de ce dernier, resserrez ou desserrez la compression à l’avant et à l’arrière de chaque fixation.

Prendre des informations de dernière minute

Au moment de partir, rapprochez-vous des pisteurs ou des professionnels de la montagne pour prendre des informations de dernière minute. Ceux-ci sauront vous dire si une coulée est partie dernièrement là où vous voulez passer. Ils sont également les seuls qui sont en mesure de vous renseigner exactement sur la qualité de la neige ou le risque d’avalanche à l’endroit que vous envisagez de partir. Étant des passionnés et sillonnant régulièrement les circuits que vous voulez emprunter, c’est donc logiquement que vous pouvez obtenir de telles précieuses informations chez eux.

Prendre sur soi un téléphone portable

À quoi servirait-il, vous demandez-vous ? Eh bien, pour alerter rapidement les secours en cas d’accident. Vous pouvez appeler le 112, mais n’oubliez pas de prendre aussi le numéro du service des pistes du domaine sur lequel vous vous trouvez. Dans certains cas, ils seront plus rapides à venir à votre secours.

Partir en équipe

Il n’est pas exclu de pratiquer le ski en solo, c’est vrai. Mais en plus du fait qu’il s’agit d’un sport d’équipe, vous partez en aventure en hors-piste. Il serait par conséquent plus juste d’y aller en groupe. Faites-vous accompagner par des professionnels aguerris (guide, moniteur…), surtout lorsque vous êtes un novice ou lorsque vous ne maîtrisez pas l’itinéraire sur lequel vous envisagez de vous aventurer. Pour question de sécurité, ne manquez pas non plus d’indiquer à des proches et au poste de secours votre itinéraire ainsi que l’heure approximative de votre retour. Ainsi, au cas où vous ne seriez toujours pas de retour après l’heure indiquée passée, on pourrait vous envoyer des secours.

Observer son environnement

Pendant la descente, il est fortement recommandé de ne jamais s’engager tous en même temps dans la pente. Vous devez toujours descendre un par un, l’un après l’autre, tout en ayant un œil sur celui qui skie. Gardez continuellement votre vigilance, observez votre environnement et anticipez le plus possible vos mouvements. Votre route étant semée de danger (barre rocheuse, crevasse, rochers, plaque de neige instable, etc.), vous devez veiller à tout bien analyser.

Ne suivre aucune trace

En skiant, vous pouvez possiblement rencontrer des traces qui bifurquent vers d’autres destinations. Si ce n’est pas les vôtres, abstenez-vous de les suivre. Ces traces pourraient vous conduire à de sérieuses difficultés, ou vers un itinéraire qui dépasse vos capacités physiques ou techniques.

Rebrousser chemin en cas de doute

Si vous remarquez que les conditions ne sont pas réunies pour profiter du ski hors-piste, alors revenez sur vos pas. Ce serait une folie de chercher à prendre des risques.

Vous avez maintenant tout ce qu’il faut pour pratiquer le ski en hors-piste en toute sécurité. Adressez-nous vos questions, suggestions et recommandations dans les commentaires.